Bias Peak 1.1

Une montagne d'idées. Dans le monde des logiciels de traitement audionumérique pour Macintosh, quelque part entre les éditeurs d’échantillons et les intégrés Audio + MIDI , manquent des programmes à la fois simples d’utilisation, rapides et polyvalents. C’est ce vide que la jeune société américaine Berkley Integrated Audio Software, BIAS pour les intimes, se propose de combler...

D’emblée Peak ne fait pas la fine bouche et fonctionnera, plus ou moins vite, sur un Mac équipé d’un 68030 (avec ou sans coprocesseur arithmétique), d’un 68040 ou d’un Power PC en mode natif, s’il vous plaît. Ceci dit, un PowerMac est tout de même préférable. Ainsi, lors de nos tests, certaines fonctions DSP ont annoncé jusqu’à 283 minutes de calcul pour un fichier mono de deux secondes sur un PowerBook 160, contre dix secondes avec un PowerMac 8100/100 AV. Le système 7.1 ou supérieur est nécessaire, ainsi que la présence de QuickTime 2.x et du Sound Manager 3.x, la version 3.2 étant idéale (le système 7.5.3 ne nécessite plus cette extension, qu’il intègre directement). Coté mémoire, BIAS recommande un minimum de 8 Mo sur un 680x0 et de 16 Mo sur un PowerMac.

De plus, pour les heureux possesseurs d’une carte Digidesign, l’extension système Digidesign Sound Drivers permettra d’utiliser les entrées/sorties audio de la carte plutôt que celles du Mac. Un double clic suffit pour installer le programme à partir des trois disquettes fournies, l’espace disque requis étant d’environ 5 Mo.

Enregistrement

Peak est capable de lire les fichiers aux formats AIFF, Sound Designer II, Red Book, .WAV et QuickTime et sait convertir les sons système (.snd) au format Quicktime. Il est également possible de reconstituer un fichier stéréo à partir de deux fichiers mono, ce qui rendra service à ceux qui désirent éditer des enregistrements réalisés au format Pro Tools.

Pour effectuer un nouvel enregistrement, un clic sur la touche Record de la fenêtre de transport amène une zone de dialogue permettant de régler les différents paramètres de l’enregistrement tels que nombre de canaux, résolution, fréquence d’échantillonnage et choix du disque dur de destination. Un compteur affiche le temps d’enregistrement disponible, et deux VU-mètres complètent ces informations. A la fin de l’enregistrement, Peak demande simplement de nommer le fichier qui vient d’être crée et le tour est joué.

Si vous possédez un lecteur de cédéroms, la fonction Import CD track vous permettra de récupérer directement tout ou partie d’une piste d’un CD audio. Les fichiers peuvent être sauvegardés dans tous les formats reconnus par le programme, mais aussi transférés via SCSI dans la mémoire d’un sampler Ensoniq ou compatible SMIDI (notamment tous les modèles Peavey, Kurzweil et E-mu récents). Espérons que cette fonction reconnaîtra bientôt d’autres échantillonneurs. Peak à également emprunté à certains traitement de texte l’ingénieuse idée de garder dans le menu File, le, la liste des quatre derniers fichiers ouverts et leur mettra la main dessus même si vous les avez renommés ou déplacés.

Édition des sons

Outre les habituels couper, copier, coller et insérer, Peak offre une palette de fonctions d’édition et de traitement du son dont certaines sont résolument originales. Nous avons notamment retenu le Reverse Boomerang, qui mélange une copie jouée à l’envers au son original, mais aussi Rappify, qui mélange une copie filtrée au son original.Par contre, le time stretching n’est pas à la hauteur de ce qu’on est en droit d’attendre aujourd’hui, surtout pour qui a entendu ce que Studio Vision ou Logic Audio, tous deux certes nettement plus onéreux, savent faire.

Pour augmenter le confort de travail sur des enregistrements longs, Peak sait reconnaître et créer des marqueurs et des régions, comme Sound Designer II, mais hélas sans être capable de les gérer aussi bien et de les enchaîner dans une dans une playlist. Les marqueurs peuvent être créés à la volée, grâce à un simple raccourci clavier, et ce sans interrompre la lecture. On peut aussi utiliser la fonction Treshold, qui génère les marqueurs automatiquement en fonction d’un seuil choisi, comme dans Recycle. Pas de calcul automatique de tempo pour autant, mais une idée non moins pratique, le Loop Surfer. En lui indiquant le tempo et le nombre de temps, le programme sélectionne automatiquement les portions du son susceptibles d’être bouclées en rythme. Il est intéressant de remarquer que les régions peuvent être exportées sous forme de fichiers distincts.

Le temps réel est décidément à l’honneur, les points de début et de fin de boucle pouvant également se voir déplacés individuellement ou ensemble, en cours de lecture mais, et c’est là notre principal reproche, une fenêtre d’édition fine du point de bouclage (façon Alchemy ou Infinity) eut été la bienvenue.

Les fonctions couper, copier, coller bénéficient elles aussi du temps réel, mais une fonction de sélection au point zéro le plus près serait tout de même plus utile.

Un des points forts du programme réside dans la finesse que l’on peut apporter aux courbes de Fade in et out et aux crossfades en général (voir figure 3). D’une façon tout aussi remarquable, Peak tient une liste de tous les changements effectués, ce qui permet d’annuler non seulement la dernière modification, mais aussi de revenir à n’importe laquelle des étapes précédentes - pas au delà de la dernière sauvegarde bien sur.

Pour compenser le fait que les développeurs de BIAS aient choisi de ne pas intégrer de fonctions avancées telles qu’égalisation, compression ou effets, Peak accepte les plug-ins compatibles avec Adobe Première. Le logiciel est donc fourni avec des versions de démonstration de certains produits Waves et InVision (compresseurs, reverbs, harmoniseurs...) dont le coût viendra s’ajouter aux 1 800 francs du programme (prix généralement constat&eaclement constaté au 15/9/96) si vous souhaitez en utiliser. Pour une description détaillée des Plug-ins, reportez vous à la lumineuse saga concoctée par David Korn (KBHSR 42, 43, 44 et 46).

En conclusion

Si dans sa version actuelle, Peak ne permet pas de se passer d’applications comme Alchemy, Infinity ou Sound Designer II, il ne lui manque que bien peu de choses pour y parvenir. Fait suffisamment rare dans ce type de programme pour être souligné, il dispose d’une aide en ligne très claire qui guidera parfaitement même les plus débutants. Sa vitesse d’exécution (sur un PowerMac), son architecture ouverte et son prix attractif en font une boite à outils remarquable, qui a de quoi séduire aussi bien le "sound designer" occasionnel que le professionnel de la production multimédia. De plus, le programme est livré avec Audio Stamper, une petite application de type glisser-déposer permettant de créer en quelques clics une base de données (des modèles FileMaker Pro sont fournis) pour l’archivage des sons. Encore un petit effort et Peak pourrait bien se retrouver au sommet...

Tags: