Mackie HDR 24/96
[ février 2001 ]Annoncé depuis un bout de temps déjà, voici enfin la solution d’enregistrement multipiste Mackie, 24 pistes en direct-to-disk dans un rack de quatre unités. Le concept n’est plus une nouveauté en soi, mais l’expérience acquise par le constructeur dans le domaine numérique en fait une solution difficile à ignorer...
Alors que les divers systèmes d’enregistrement sur disque dur sont en train de reléguer la bande, en bobine comme en cassette, au placard des technologies d’un siècle qui n’est plus le notre, il devient parfois difficile d’effectuer un choix quant à la solution la plus adaptée à ses besoins. D’un côté l’ordinateur, équipé de cartes et logiciels spécifiques, souvent cher si l’on recherche une forte performance, nécessitant un apprentissage multiple avant d’en obtenir la maîtrise et difficile à transporter. D’autre part, certains constructeurs choisissent de proposer un système sa rapprochant plus d’un magnétophone traditionnel, offrant ainsi une approche plus aisée et un véritable "plug-and-play". Après tout, un bon système d’enregistrement doit-il aussi pouvoir faire tourner Quake ?
Mackie OS
Mackie à donc ici aussi décidé de concevoir un système d’exploitation propre à la machine, Mackie OS. Ceux d’entre vous qui connaissent déjà les joies de la console numérique D8B se retrouveront donc d’emblée en terrain connu. Les mises à jour, disponibles sur le site Mackie, se font via le lecteur de disquettes intégré. Côté informatique, nous avons en fait à faire à une carte mère Intel, équipée d’un processeur Celeron cadencé à 433 MHz. En standard, le HDR 24/96 dispose d’un disque dur interne IDE-UDMA de 20 Go auquel il est possible d’ajouter disques supplémentaires ou diverses formes de sauvegardes extractibles ou amovibles. De plus, l’appreil dispose d’une carte ethernet 100 base-T et d’un serveur FTP augmentant de manière fort pratique les possibilités de sauvegarde. Enfin, le système d’exploitation offre bien entendu une interface graphique, elle aussi nettement inspirée de celle de la D8B, qui compensera les limitations imposées par la taille de l’affichage de la face avant, limité à 4 lignes de 24 caractères.
Connectique
Mais commençons ce tour du propriétaire par la face arrière, et les différentes connexions possibles. Comme tout magnétophone, le HDR 24/96 se doit de posséder entrées et sorties audio. Aucune n’est fournie en standard, laissant à l’acquéreur toute latitude pour adapter sa machine à son environnement propre. Trois emplacements sont donc prévus pour accueillir les diverses cartes d’entrées/sorties 8 canaux Mackie. Celles-ci sont très exactement les mêmes que pour la D8B, à savoir Adat, Adat/T/DIF, AES/EBU ou analogique. Dans un avenir proche, Mackie proposera également des cartes permettant de travailler à 96 KHz, mais avec un maximum de douze pistes. Autres connecteurs spécifiques pour un enregistreur numérique, le HDR 24/96 dispose de tous les modes de synchronisations d’horloge et temporelle possibles : entrée/sortie WordClock, VIdéo PAL, NTSC et Black Burst, SMPTE. Le MIDI est également présent à l’appel In et Out, enfin un connecteur qu’il faudra prendre garde à ne pas confondre avec le port Ethernet permet de relier la télécommande. Celle livrée avec l’appareil n’offre que des fonctions de bases pour le transport et l’armement des pistes, mais Mackie nous promet un modèle plus complet permettant de piloter deux machines dans un avenir proche. Le reste de la connectique est plus informatique : écran, clavier et souris.
En séance
Bien évidemment, l’un des avantages principaux d’un tel système réside dans sa capacité à être aisément transporté d’un endroit à un autre. Ainsi, sans qu’il soit besoin de clavier ni d’écran, le HDR 24/96 constitue un compagnon de route idéal. D’abord, comme pour nombre de ses produits, Mackie a doté l’appareil de 24 led-mètres fort précis en dessous desquels se trouvent autant de boutons d’armement des pistes. Les divers affichages sont regroupés en haut à droite, temporel en SMPTE ou mesures et temps car il est possible de définir un tempo ou encore d’importer depuis un midi file une carte de changement de tempo, ce qui ne manquera pas de séduire les compositeurs à l’image. Juste en dessous un affichage de 24 caractères sur quatre lignes permet d’accéder aux principaux réglages de la machine (gestion des projets, choix du mode de synchronisation numérique et de transport et divers réglages système). Il est également possible de créer jusqu’à quatre points de locate. Les deux premiers pouvant servir à la lecture ou l’enregistrement en boucle et les deux suivants comme points d’entrée et de sortie de l’enregistrement automatique (auto-punch). Ces commandes se retrouvent aussi sur la petite télécommande dont le faible encombrement lui permettra toujours d’être du voyage. Si 24 pistes vous semble être un peu juste, sachez tout de même que l’appareil offre huit pistes virtuelles par piste, à travers lesquelles il est très facile de naviguer. Ceci permet d’effectuer jusqu’à huit prises successives sans avoir à ré-assigner quoi que ce soit. Effacer immédiatement la dernière prise effectuée si celle-ci ne donne pas satisfaction se fait d’une simple pression sur un bouton. Ah, vous changez d’avis ? Rassurez vous, le HDR 24/96 dispose de 999 niveaux d’undo.
L’heure du montage
Etape désormais incontournable de toute production, il suffit de connecter clavier, souris et écran au HDR 24/96 pour accéder aux fonctions d’éditions dont il dispose. Ceux d’entre vous possédant une D8B pourront, via des boîtiers switch, partager ces éléments avec ceux de la console, même si de nos jours avoir deux écrans n’est plus un luxe. Dans sa version actuelle, le HDR 24/96 ne dispose que de fonctions d’éditions de base, à commencer par couper, copier et coller. Toutefois ceci peut se faire aussi bien "à vue" qu’en se basant sur une grille allant de l’échantillon à la mesure rythmique en passant par diverses valeurs temporelles telles que minute, seconde, image, millisecondes, croche, etc. La gestion du volume est aussi prise en compte, et de manière graphique, ce qui pourra pallier à un éventuel manque de précision, voire à l’absence d’automation de la console. Enfin, un montage nécessitant souvent de faire appel à des crossfades pour le rendre inaudible, le HDR 24/96 propose d’en appliquer de manière automatique ou manuelle, simplement en déplaçant avec la souris le bord d’une région sur la région voisine.
Echange avec d’autre formats
Afin d’éventuellement bénéficier de fonctions de traitement du signal plus évoluées, ou pour simplement échanger les fichiers audio avec d’autres systèmes d’enregistrement numérique, Mackie propose plusieurs solutions, permettant au passage la sauvegarde des données. Les disques durs sont en fait au format FAT32 ce qui permet de les utiliser directement sur un PC ou un Mac. Il vous est donc possible soit d’équiper votre ordinateur d’un système de disque extractible identique à celui utilisé par Mackie, ou bien d’opter pour un lecteur de disques amovibles Orb. Cette dernière solution ne permet toutefois pas d’enregistrer directement sur ce type de support, le taux de transfert des informations n’étant pas suffisant. Enfin, comme nous l’avons signalé plus haut, le HDR 24/96 dispose en standard de son propre serveur FTP. En fonction de votre studio vous pourrez donc intégrer l’appareil au sein d’un réseau local et, pourquoi pas si vous disposez d’un accès à Internet par ADSL avec adresse IP fixe, permettre à tout internaute de récupérer vos données depuis n’importe où dans le monde. Une fois transférés, les fichiers audio peuvent facilement être importés dans n’importe quelle station de travail puisqu’ils sont, au choix, au format Wave (.wav) ou AIFF. Seule limitation, en exportant vos données, vous ne transférez en fait que les fichiers bruts, sans information quant à leur position temporelle. Pour compenser, l’appareil dispose d’une fonction baptisée "Render Tracks", équivalente à la fonction "bounce" que l’on rencontre sur la totalité des logiciels d’enregistrement audio. Ceci permet de créer de nouveaux fichiers (un par piste sélectionnée) d’une durée fixée par l’utilisateur - il est donc fortement conseillé de partir du tout début du morceau pour faciliter le calage par la suite - reprenant l’ensemble des montages et réglages de volume effectués. Bien entendu, ce qui fonctionne dans un sens fonctionne dans l’autre et vous pourrez récupérer de la même manière des fichiers provenant d’une station de travail sur ordinateur. On regrette seulement que Mackie n’ait pas ajouté une interface SCSI qui aurait permis, outre le fait d’utiliser ses propres disques durs, d’y connecter graveur de CD ou DVD Ram. Dernière solution pour ce faire, mais qui implique d’avoir sous la main les deux systèmes, le HDR 24/96 sait utiliser tous les modes de synchronisation possibles (SMPTE ou Midi Time Code) ce qui permet d’effectuer un transfert direct comme on le fait d’ordinaire avec deux magnétophones.
En conclusion
A l’heure où le travail du son passe nécessairement par un système informatique ce qui n’est pas toujours synonyme de robustesse et de fiabilité, voici un appareil qui comblera en premier lieu ceux d’entre vous qui, après avoir pris grand soin pour équiper leur home studio, n’apprécient que moyennement le fait de devoir parfois tout décabler pour aller faire une séance à droite ou à gauche. Le travail d’enregistrement de concerts ou d’évènements ponctuels constitue également une application de choix pour le HDR 24/96. Si l’on envisage les choses dans l’ordre inverse, il peut également constituer une bonne entrée en matière numérique pour un studio jusque là équipé de machines à bandes et qui souhaiterait élargir la gamme de ses services pour attirer la clientèle grandissante à la recherche de qualité sonore alliée à de grandes possibilités d’échange de fichiers entre divers studios. Enfin, Mackie ayant déjà démontré sa capacité à faire évoluer ses produits numériques, ne doutons pas que nous avons là à faire à un appareil qui saura grandir en même temps que le nombre de ses utilisateurs.